Maurice, Paul KRAFFT
Dit Lucifer Boum Boum, né le 25 mars 1946 à Mulhouse, France.
Maurice est un grand garçon d’un mètre 83, yeux bleus chafouins, cheveux châtains bouclés, bâti comme un chêne, à la voix chaleureuse et au rire profond, sonore. Il est rebelle à toute autorité et porte un regard critique, aiguisé tout autour de lui, sur les agissements et les vitupérations de ses congénères. Armé d’un humour décapant ravageur, doté d’une humeur massacrante quand les choses ou les êtres lui résistent ou lui échappent, il est allergique à la bêtise humaine. Il s’exprime sans détour au risque de choquer ses interlocuteurs. Maurice est brillant, pugnace à outrance, hargneux parfois, de mauvaise foi souvent, patient par obligation, doté d’une mémoire d’éléphant, d’un charisme qu’il met à son service pour séduire, d’une capacité de travail hors du commun qu’il est difficile de suivre.
Maurice est provocateur par goût du jeu avec l’autre, d’une provocation frisant l’insolence et la manipulation. Il aime manger, boire, rire du travers de ses congénères, être le centre du monde, se soucie peu de son apparence ou de l’image de lui-même qu’il laisse aux autres. Il adore le gingembre confit, les bonbons suisses aux plantes, l’emmenthal suisse sans trou, les cigarettes indonésiennes aux clous de girofle. Conscient de la brièveté de l’existence et de la vacuité des choses, Maurice fait son travail sérieusement, sans pour autant jamais se prendre au sérieux.
Maurice dévore la vie.
Son rapport avec les volcans est charnel, sensuel, exclusif, tel un amant fougueux pour sa maîtresse. Maurice est idéaliste, misanthrope par lucidité, mais les volcans lui redonnent cette énergie qui lui permet de vivre dans notre société.
Maurice est audacieux, fonceur, entreprenant et avance dans la vie tel un rouleau compresseur. Il paraît indestructible. Pourtant, sous ce monolithe qui semble inexpugnable, Maurice doute.
C’est un être attachant, fatiguant à vivre, un adorable chieur!
Catherine, Marie, Joséphine Conrad, Katia KRAFFT
Dite la petite fiancée des cratères, née le 17 avril 1942 à Soultz, Haut-Rhin, France.
Katia est un petit bout de femme, 1,63 mètre, cheveux châtains taillés courts, yeux bruns attentifs protégés derrière de grandes lunettes, discrète, parfois effacée pour bénéficier du recul nécessaire à toute chose. Elle affiche une humeur toujours égale, est attentive aux autres, observatrice, patiente, curieuse de tout, active, méthodique, entreprenante, pragmatique, sportive. Katia est bienveillante envers son prochain mais son regard comme son jugement sur les êtres est acéré et rédhibitoire. Il lui faut du temps pour accorder sa confiance et son amitié. Katia est affable par nature et secrète pour se protéger.
Katia semble parfois fragile, mais c’est une apparence trompeuse, car elle se réalise dans l’action. Elle est dotée d’une détermination résistant à toute épreuve. Elle se fait accepter où qu’elle aille. Elle aime écrire, peindre, faire de la musique, à un faible pour les cuisines exotiques orientales et déguste avec volupté pattes de canard grillées, nasigoren, bobuns, accompagnés de thé vert. Elle découvre, au fil du temps, le plaisir de la dégustation du vin et en parle avec bonheur et subtilité comme elle pourrait parler de ses émotions ressenties face à une oeuvre d’art. Elle aime les mini-jupes mais s’habille en pantalon par commodité.
Sur le terrain, on a peur pour elle mais Katia n’a aucune crainte et affronte les événements avec jubilation et sérénité. Katia aime la vie, son rapport avec les volcans est viscéral, primordial, essentiel à son équilibre personnel. Sans les volcans, elle se serait sans doute lassée de l’être humain. Elle impressionne par sa force de caractère. Katia sait ce qu’elle veut et ne se laisse pas facilement influencer.
Le sourire ne quitte jamais ses lèvres…un sacré bout de femme et quelle femme !
La première femme volcanologue au monde.
André DEMAISON
Le premier vrai contact d’André Demaison avec les volcans s’est fait à l’âge de 18 ans, en contrebas des cratères sommitaux de l’Etna, en Sicile. Seul, au-dessus de la mer de nuages qui drapaient d’un voile d’ombre les lumières des activités humaines du bord de mer, il avait assisté à la naissance d’une coulée de lave, dans un crépuscule scintillant qu’illuminait la Voie Lactée. Ce fut pour lui une révélation et la certitude que ces instants précieux, dont il avait été le témoin privilégié, deviendraient le fil conducteur de sa vie. Il aimait la science, il aimait l’art, il aurait pu devenir géologue mais il devint muséographe et concepteur de musées… en Sciences de la Terre.
En 1972, André rencontra Maurice dit Lucifer Boum Boum et Katia, la Petite Fiancée des Cratères. Il était tombé sous le charme de ce grand gaillard à l’humour décapant, direct dans sa relation à l’autre, abrupte dans sa façon d’être, à la façon de ces moines zen qui cherchent à vous repousser toujours plus loin dans vos moindres retranchements comme il était tombé sous le charme de Katia, toujours souriante et qui cachait sous une apparente fragilité une volonté d’acier et une énergie folle.
En 1976, André fit sa première expérience de terrain avec eux dans le rift de l’est africain, à Djibouti, en Éthiopie alors en guerre avec elle-même, au Kenya, en Tanzanie où ils avaient fait l’ascension du Kilimandjaro et bivouaqué trois nuits par moins 18°C près de ses cratères emboîtés, au Zaïre… À trois, pendant cinq mois, leur relation avait résisté à des conditions de vie souvent difficiles et spartiates. Maurice lui proposa de continuer l’aventure à Hawaii, en Antarctique, au Chili, en Tanzanie sur le Lengaï où ils avaient enfin pu trouver la voie qui les menait à son cratère et avaient tourné les premières images jamais réalisées d’éruptions de ce volcan si envoûtant.
Sur le terrain, André devenait l’ombre de Maurice. Et puis des projets de musée s’annonçaient, celui de la Maison du Volcan sur l’île de la Réunion et de Volcania qui deviendra plus tard Vulcania, en Auvergne. Maurice, Katia et lui en furent les inventeurs. Maurice et Katia disparaîtront avant d’avoir pu les voir se réaliser.
André est devenu leur biographe, celui qui témoigne. Il continue de se sentir orphelin des grands rires de Maurice, des sourires lumineux de Katia. En réalité, ils ne l’ont pas quitté… Mais comment aurait-il pu les quitter ! Il croit pouvoir dire aussi que, depuis plus de 50 ans, il leur aura dédié sa vie.
Aujourd’hui, c’est à son tour de transmettre.
Et c’est avec plaisir et émotion qu’il passe le relais à Julien Dumont.
À Julien Dumont désormais de faire vivre la mémoire de Maurice et Katia Krafft.
Des histoires de vie qui s’entrechoquent de passion à passion à coup de transmissions.
Julien DUMONT
Le premier contact avec les volcans, Julien Dumont, l’a eu après avoir reçu un livre de Maurice Krafft « Dans l’antre du diable ». Éliane, sa maman, l’avait acheté suite à une conférence de Maurice donnée à la salle Rameau de Lyon.
Elle avait été impressionnée par ce grand gaillard charismatique qui emportait le spectateur dans son monde merveilleux fait d’éruptions, de fureurs, de beautés mais aussi de drames, de démesures et ce monde là, ça avait fait rêver l’enfant qu’était Julien.
Julien est curieux de tous les domaines où l’art et la science se rencontrent. Il se passionne pour la médecine, l’égyptologie, la minéralogie, le monde ferroviaire mais ses pas vont le conduire vers une autre de ses passions, le cinéma et ses effets spéciaux. Il finit par fonder sa propre société de productions Titan Films.
En mars 2020 profitant de la crise mondiale de Covid, il se lance dans l’écriture d’un scénario avec sa sœur Virginie, sur les parcours de vie de Maurice et Katia Krafft.
Les volcans endormis ne le sont jamais bien longtemps.
En 2020, il reprend le Musée du Cinéma et Miniatures de Lyon qui accueille 300 000 visiteurs par an et, en 2021, le fonds iconographique de Maurice et Katia Krafft.
En 2021, il croise le chemin d’André Demaison, compagnon de route des Krafft pendant 19 années, qu’il embarque dans son aventure.
Il sera coproducteur du film de Werner Herzog, « Au cœur des volcans, requiem pour Katia et Maurice Krafft » qui remporte de nombreux prix dont celui du meilleur documentaire au festival de Shangaii.
Imperceptiblement les volcans vont s’immiscer dans sa vie, encore plus après qu’il ait assisté à sa première éruption volcanique, en 2022, pendant le deuxième épisode éruptif du volcan Sundhnjukagiga, en Islande.