UNE SELECTION PARMI PLUS DE 200 EXPEDITIONS
1973 – volcan Eldfell Islande
Le 23 janvier, en pleine nuit, une fissure de 1600 mètres de long, s’ouvre à moins de 150 mètres des premières habitations de la ville d’Heimaey. Au moins cinquante bouches s’égrènent tout au long de la fissure et vomissent des fontaines de lave jaillissant à cent mètres de hauteur. Maurice et Katia arrivent le 24 janvier alors que les 4500 habitants sont en cour d’évacuation. Ils se retrouvent seuls dans la ville abandonnée. Les retombées de cendres et de scories sur cette Pompéi nordique atteignent un mètre par heure. Ils vont assister à l’édification d’un nouveau cône volcanique, l’Edfell qui s’élèvera à 225 mètres en fin d’éruption…
1973 – volcan Nyiragongo République Démocratique du Congo
Pour leur deuxième séjour d’une semaine au mois de juin, Maurice et Katia se retrouvent dans le cratère, sur la deuxième terrasse à 180 mètres sous le sommet qui surplombe un lac de lave qui barbote dans le cratère. Il est impossible de rester debout tant la chaleur est intense et c’est allongés qu’ils contemplent le spectacle. La lave cogne contre les parois dans des rugissements, des halètements énervés. À un moment, le lac se vide par saccades de plus de dix mètres en quelques instants. L’activité semble s’arrêter. La surface du lac se refroidit en formant une peau noire à peine zébrée de lignes incandescentes. Que va t-il se passer ? Les minutes qui s’écoulent sont longues. Et puis, le lac s’anime à nouveau Son niveau remonte par vagues successives qui déferlent les unes sur les autres en espérant qu’il se stabilise au niveau habituel car Maurice et Katia n’ont aucun refuge où se réfugier au cas ou le lac déborde…
1974 – volcan Etna Sicile Italie
Au mois de février, Maurice et Katia se retrouvent sur l’Etna au dessus du village de Bronte et assistent à la construction de deux cônes volcaniques, les Monte de Fiore. Il neige. Alors qu’ils traversent la dernière coulée encore rougeoyante mise en place, Katia aperçoit qu’un peu au-dessus d’eux des flammèches parcourent le sol. Puis, des grondements sourds se font entendre bientôt suivis par un chuintement rauque très strident. Il fait nuit, d’une nuit sans lune. Tout près d’eux un panache de vapeur apparaît et le sol tremble un peu. C’est la panique ! Ils courent dans les blocs, ils trébuchent et se retournent. Une coulée dévale les pentes du cône à très vive allure, à l’endroit même où ils se trouvaient quelques instants auparavant. « Nous passions une seconde plus tard et dix mètres plus haut, c’était la mort certaine dans la lave. Nous ne parlons plus, nous sommes vivants, heureux de vivre, le reste ne compte plus. » note Maurice dans son carnet de terrain…
1979 – volcan Anak Krakatau détroit de la Sonde Indonésie
Pendant quinze jours, au mois de septembre, Maurice et Katia se retrouvent pour la seconde fois sur le Krakatau qui fit parler de lui le 27 août 1883, en détruisant l’île et en faisant 36 417 victimes. Ils campent en bord de mer, ils sont les seuls sur l’île. Des fortes explosions se succèdent et projettent des blocs dont certains montent à plus de 400 mètres et semblent retomber comme au ralenti. En contrejour, il est difficile pour eux de voir et de jauger la trajectoire des blocs qui retombent au sol dans des sifflements aigus et des bruits sourds quand ils atterrissent dans la cendre. À chaque explosion, Maurice et Katia arrêtent ce qu’ils font pour suivre des yeux les blocs qui retombent. Une grosse explosion survient, le volcan tire légèrement vers eux. Un bloc arrive avec violence et tombe sur l’étui du pied cinéma qui en arrache le bout et l’enflamme…
1980 – volcan Saint-Helens État de Washington États-Unis
Le 18 mai, alors que la population est évacuée depuis plusieurs semaines ce qui était attendu finit par arriver. Après 123 années d’inactivité, une éruption décapite les derniers 430 mètres de son sommet et génère une explosion dont l’énergie libérée est égale à l’explosion en série de 27 000 bombes Hiroshima. Quand Maurice et Katia apprennent la nouvelle ils se trouvent à l’île Maurice, où Maurice entre deux conférences, apprend la plongée dans le but d’aller filmer les coulée de lave sous-marines du Kilauea. Il en rage d’avoir raté cette éruption. Ils ne peuvent se rendre aux États-Unis qu’au début du mois de juillet et ce ne sera que le 22 du mois qu’ils seront récompensés de leur patience et pourront assister à trois explosions successives. À bord d’un petit avion, ils tourneront pendant plus de trois heures autour d’un panache de cendres et de blocs qui s’élèvera à 18 kilomètres d’altitude…
1983 – volcan El Chichon Mexique
Le 28 mars, à 23h32, et le 29 mars à 11h10 deux colossales éruptions vont générer des panaches de cendres et de blocs à plus de 24 kilomètres de hauteur, qui s’effondrent sur eux mêmes en donnant des nuées pyroclastiques et des coulées de ponces. Le Bilan est très lourd, neufs villages sont rayés de la carte. On dénombre 187 victimes et 3450 disparus. Plus de route, pas d’hélicoptère disponible, la zone impactée est isolée du reste du monde. Après trois jours de voyage à dos de mules, Maurice et Katia arrivent sur les lieux de la tragédie dérangeant les chiens qui déterrent des restes humains…
1984 – volcan Mauna Loa État d’Hawaii États-Unis
Dans la soirée du 24 mars Maurice et Katia fêtent le départ de leur ami Bob Decker, directeur de l’Observatoire Volcanologique d’Hawaii. Le 25 mars, à 1h30, c’est le jour de l’anniversaire de Maurice mais ce sera aussi le réveil du Mauna Loa qui deviendra la plus grande éruption fissurale du 20ème siècle. Tout au long des vingt cinq kilomètres de la fissure, des fontaines de lave s’élèvent à cinquante mètres de hauteur dans un vacarme assourdissant, une hémorragie que rien ne semble pouvoir arrêter. Ils survolent les rideaux de lave en hélicoptère, portes ouvertes et le rayonnement est si intense que la caméra de Maurice est brûlante. Ils n’osent imaginer leur sort si le kérosène de l’appareil prenait feu…
1986 – volcan Augustine État d’Alaska États-Unis
Après huit années de léthargie l’Augustine présente tous les signes d’une reprise de l’activité et c’est au mois d’août que Maurice et Katia se retrouvent pour leur troisième séjour sur cette île difficile d’accès. Maurice n’a qu’une seule idée en tête, s’approcher au plus près d’une coulée pyroclastique, avalanche de gaz à plusieurs centaines de degrés, de cendres impalpables et de blocs qui peuvent atteindre la taille de maison. Cette masse immense s’écoule à des vitesses de plus de 150 kilomètres heure dans un silence absolu. Les nuées ardentes se présentent toutes les vingt minutes environ. Elles empruntent à chaque fois le même couloir d’avalanche. Toutes les conditions sont réunies pour réaliser le rêve de Maurice qui se retrouve à filmer à moins de cinquante mètre le phénomène le plus dangereux que présente le volcanisme…
1988 – volcan Ol Doinyo Lengaï Tanzanie
Les bruits atténués d’une respiration difficile suivis de clapotis nous parviennent. Nous sommes 200 mètres en contrebas dans le cratère. Il fait nuit. Le brouillard devient chaud et poisseux, l’odeur des gaz plus forte. Nous arrivons au sommet d’un monticule sombre, éventré à l’intérieur duquel clapote un petit lac de lave d’une vingtaine de mètres carrés. Des bulles joyeuses d’une lave noire et fluide éclatent sans discontinuer en son sein dans une farandole effrénée. Je regarde Maurice, il est aux anges. Nous sommes devant un lac de lave de carbonatite, une lave noire, fluide comme l’eau d’un torrent de montagne que rien ne peut arrêter et qui devient blanche après vingt quatre heures de refroidissement. Le Lengaï est le seul volcan au monde à produire ces laves atypiques. La même année, au Congrès de Volcanologie de Kagoshima, au Japon, Maurice montrera à la communauté scientifique internationale stupéfaite les premières images jamais filmées d’une éruption de ce volcan incroyable.
1991 – volcan Unzen Fugen Dake Japon
Le mercredi 29 mai en fin de soirée, Maurice et Katia arrivent à Shimabara, la ville située au pied de l’Unzen. Ils retrouvent Harry Glicken, 33 ans, volcanologue américain vivant au Japon et qu’ils avaient rencontrés lors de l’éruption du Mont Saint-Helens en 1980. Il pleut des trombes d’eau. Le sommet du volcan et le dôme de lave en construction se trouvent dans le brouillard. Des parties du dôme s’effondrent régulièrement générant des coulées pyroclastiques, avalanches ardentes de gaz, de cendres impalpables, de blocs. C’est ce qu’ils sont venus chercher. Ils souhaitent documenter l’éruption afin de pouvoir insérer des plans pour leur deuxième film sur les risques volcaniques, réalisé en partenariat avec l’Unesco. Le 3 juin à 16h08, il ne pleut plus. Un vent fort souffle. Maurice, Katia et Harry comme les 29 journalistes, cameraman, chauffeurs de taxi positionnés sur la petite route en contrebas de leur position aperçoivent le front d’une nuée ardente percer la barrière de nuages. Ils ne leur restent plus qu’un peu plus d’une minute à vivre.